Catégorie: Cinéma Utopia Toulouse: Sortie du film « Imputazione di omicidio per uno studente » de Mauro BOLOGNINI

 

10 juin 2015 11 juin 2015

à N/A

Au cinéma Utopia Toulouse, à partir du 10 juin jusqu'au 30/06/15:

- Italie 1972 1h39mn VOSTF - avec Massimo Ranieri, Martin Balsam, Valentina Cortese, Salvo Randone, Turi Ferro...
Scénario d'Ugo Pirro et Ugo Liberatore.
Musique d'Ennio Morricone - Inédit en France

utopia

"Les années 70, c'était la grande période du cinéma politique italien, un cinéma lyrique, puissant, qui savait brasser l'humain tout en témoignant avec une rare pertinence des subtilités d'une situation politique qui bouillonnait un peu partout… En Europe, nous étions en plein cœur des « Années de plomb » et, dans l'ensemble des pays, une répression féroce répondait à un activisme politique radical et violent qui lui-même s'opposait à un système qui ne lésinait pas sur les coups tordus, les manipulations en tout genre. Les revendications locales se conjuguaient alors avec une contestation internationaliste…
Action directe, la Fraction armée rouge, les Brigades rouges, etc. Certains groupuscules pratiquaient la lutte armée, mais la jeunesse dans son ensemble réagissait à l'invasion américaine au Vietnam, s'opposait à l'Espagne de Franco, à la Grèce des Colonels… Pinochet prenait le pouvoir au Chili avec l'aide de la CIA, en Amérique Latine les dictatures militaires torturaient, emprisonnaient. L'extrême droite n'était pas en reste et un peu partout se pratiquait ce que l'on a appelé la « stratégie de la tension » : mettre en place des « provocations » pour entraîner des réactions qui justifiaient aux yeux du petit peuple terrifié les politiques les plus répressives…

C'est dans ce contexte que Mauro Bolognini réalise ce remarquable et passionnant Chronique d'un homicide. Le film s'ouvre sur une manifestation qui dégénère et laisse sur le carreau un jeune manifestant et un policier du même âge, le crane fracassé par un poing américain.
Fabio est étudiant en architecture : joli garçon, famille aisée, mère charmante, père juge d'instruction. C'est à ce dernier que va échoir la responsabilité de l'enquête : du côté policier, les choses sont plutôt claires, et le commissaire en chef a sa petite idée sur l'identité du coupable. Mais si la complicité des collègues tente de freiner l'enquête du juge pour protéger le flic haineux et bas du plafond qui a tiré la balle en pleine tête du militant d'extrême-gauche, un des animateur du groupe Lotta continua est arrêté vite fait et désigné coupable avant même tout embryon de preuve. La police, représentative d'un système qui ne fait pas dans la dentelle, n'hésite pas à condamner un innocent pour renforcer sa stratégie, mais les jeunes révolutionnaires, de leur côté, sont prêts à laisser leur ami en prison par calcul politique et pour maintenir la tension.

Là où les choses se compliquent, c'est que nous avons affaire à un juge bien décidé à faire son boulot, peu sensible aux pressions diverses, indifférent à l'évolution de sa propre carrière. Jusqu'au moment où il découvre que son fils est impliqué jusqu'à la moelle dans le meurtre du policier… C'est intense, mais sobre : les relations entre le père et le fils sont de l'ordre de la confrontation politique, et l'affectif, pour autant qu'il soit bien présent et affleure souvent, ne change rien à la perception que chacun a du système qui les conduit à s'affronter et à faire des choix… qu'ils n'auraient pas cru devoir ni pouvoir faire."

Gazette Utopia.

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