Mar 102017
 

Rocco Femia:
Je suis très content. Avec notre ami journaliste Jesper Storgaard Jensen nous venons de réaliser une interview de Roberto SAVIANO en exclusive pour RADICI. 12 questions à l’écrivain de « Gomorra » et de « La Paranza dei bambini ».

Vous pouvez la découvrir dans le prochain numéro d’avril.
ROBERTO SAVIANO sera à Paris le JEUDI 30 MARS – 20h à la MAISON DE LA POÉSIE
Passage Molière 157, rue Saint-Martin 75003 Paris dans le cadre du Festival de Littérature et Culture italiennes ITALISSIMO.

Titre de l’interview dans RADICI : LE MOMENT VIENDRA
À contre-sens, dix gamins en scooter filent à toute vitesse à la conquête de Naples. Adolescents aux surnoms inoffensifs – Maraja, Pesce Moscio, Dentino, Lollipop, Drone –, chaussures de marque, familles normales et le nom de leurs copines tatoués sur la peau. Adolescents sans lendemain auquel ils ne croient pas de toute façon. Ils ne craignent, ni la prison, ni la mort, car ils savent que leur unique possibilité est celle de jouer leur va-tout, tout de suite. Ils savent que « celui qui possède l’argent est celui qui le prend ». Alors, vite, sur les mobylettes pour aller chercher cet argent, mais aussi et surtout le pouvoir.
C’est dans ce contexte particulier que se situe le dernier roman de Roberto Saviano, « La Paranza dei Bambini ».
Comment se fait-il que certains territoires de Naples soient devenus une sorte de « no man’s land » criminel dirigé par des gangs juvéniles avec le support de la Camorra traditionnelle ?
Dans cette interview exclusive, Roberto Saviano nous livre son sentiment, ses réflexions sur la jeunesse impliquée dans le crime et l’argent facile, il nous parle de son nouveau départ aux États-Unis et nous explique pourquoi il aime tant rencontrer ses lecteurs.extraits d’une réponse :
JJS: À propos de votre dernier livre, vous dites que c’est un roman vrai, même si son point de départ a été les enquêtes du juge d’instruction italien Henry John Woodcock.
R.S. : Oui, c’est un « roman roman », créé avec des personnages sortis de mon imagination mais tous issus d’histoires réelles. L’expression que j’ai utilisée au début du livre est la même que celle utilisée par Francesco Rosi, grand réalisateur italien, auteur du film Le mani sulla città (Mains basses sur la ville). Les personnages et les faits narrés sont imaginés, par contre la réalité sociale et environnementale qui les génère est authentique. J’ai utilisé le matériel des enquêtes du juge d’instruction Woodcock, les écoutes, les visages des jeunes vus aux procès. Je n’oublierai jamais le moment où, alors que le juge d’instruction demandait des peines de 20-25 ans, les jeunes, derrière les grilles, applaudissaient, insolents et contents. Comme s’ils voulaient lui dire, nous, nous avons le temps, même pour la prison, nous avons seize ans. Nous en sortirons plus forts qu’avant.
Ces adolescents ne viennent pas tous du monde prolétaire ou sous-prolétaire. Certains viennent de familles normales dont les parents n’arrivent plus à transmettre leurs valeurs. Des valeurs démocratiques, du travail. Parce que la société les a trahis, parce qu’elle a surtout trahi les familles, et, à leur tour, les familles trahissent le pacte parental. Les parents ne croient plus à la valeur de l’engagement car ils savent très bien qu’il n’y aura aucune récompense. En revanche, la spéculation vaut davantage que le travail, que la constance. Pouvoir vivre de rente, avoir des parents riches qui t’entretiennent, c’est une valeur. Je ne suis pas en train de faire un discours généralisant, je suis en train de dire qu’une grande partie de la société est désormais ainsi. Le travail et le gain sont vus de façon suspecte. Si une personne gagne de l’argent, elle est arriviste. La véritable valeur est donc de faire de l’argent tout de suite, d’être puissant, de faire peur.

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