UNE, CENT, MILLE ITALIES
Si l’on devait tenir compte de tout ce qu’ont écrit et dit de la Sicile les voyageurs qui l’ont visitée, il faudrait en conclure qu’il n’existe pas seulement une île appelée Sicile, mais plusieurs dizaines ou centaines, autant, au fond, que le nombre de voyageurs qui, après l’avoir visitée, en ont laissé une description.
Dix, cent, mille Siciles, pour reprendre les mots de l’un des plus grands écrivains de l’île et prix Nobel de littérature, Luigi Pirandello. Or il est vrai qu’autant de points de vue, tout en d montrant que l’objectivité n’existe pas, finissent toutefois par former un ensemble de v rit s dont aucune ne prétend être irréfutable.
Ainsi, Biagio Picardi nous emmène la d couverte de la Sicile baroque de la partie orientale de l’île. Une Sicile qui, comme le caroubier, cette plante qui s’y épanouit, ne vieillit pas avec le temps, mais au contraire devient toujours plus feuillue, robuste et imposante, exactement comme la Sicile de Raguse, de Modica ou de la vallée de Noto dont il est question dans ces pages. Vous allez découvrir les trois racines qui constituent l’âme de la plus belle île au monde : la grecque, l’arabe et la normande.
La Sicile, pour qui sait la regarder, est l’île des apparitions les plus improbables et, par conséquent, magiques. Mais un autre élément la caractérise : la lumière. Même la lumière, dans cette région, possède sa singularité, pour ne pas dire son ambiguïté. Une lumière qui, justement parce qu’elle éblouit, peut rendre aveugle. Arrêtez-vous au coucher du soleil devant la cathédrale de Noto, admirez la lumière qui frappe et illumine les façades baroques des palais siciliens et vous comprendrez pourquoi ici la lumière peut aussi être sombre. Il me plaît de penser ainsi la Sicile. Peut-être parce que je suis l’enfant de ce Sud contraint de cohabiter avec les clairs-obscurs de son histoire qui, parfois, ont provoqué tant de solitude.
Comme dans chaque numéro, Lorenzo Tosa nous aide à décortiquer l’actualité et ses bruits. Il analyse cette fois le passage politique que représente en Italie l’élection d’un nouveau Président de la République (ou sa réélection comme cela a été le cas à la fin du mois de janvier pour Sergio Mattarella).
Osvaldo Baldacci, pour sa part a saisi l’occasion pour nous faire entrer dans les salles et dans l’histoire du Quirinal, le palais du président (aujourd’hui), mais des papes et des rois (hier), qui se dresse justement sur la plus haute colline de Rome.
Je suis particulièrement heureux d’annoncer la participation à ce numéro du réalisateur Marco Tullio Giordana. Il ne sera pourtant pas question de cinéma. Il nous partagera sa grande passion pour les voitures d’époque, mais pas n’importe lesquelles. Il s’agit bien ici de voitures présidentielles. Un parcours étalé sur trois épisodes, entre moteurs et histoire italienne. Captivant et riche d’informations et anecdotes.
Il y a 100 ans, le 5 mars 1922 naissait Pier Paolo Pasolini. RADICI consacrera à cet intellectuel hors pair plusieurs articles tout au long de l’année 2022. Dans ce premier volet nous avons donné la parole à l’un de ses plus éminents interprètes : René de Ceccaty. Romancier, poète, metteur en scène et bien plus encore : aujourd’hui, on se souvient de Pasolini surtout en raison de sa mort atroce, or nous gagnerions le redécouvrir pour ses œuvres, ses Écrits corsaires, par exemple, ou ses Lettres luthériennes, qui mettent à nu l’hypocrisie et la maladie de notre société. C’est ce que nous allons tenter de faire.
Nous poursuivons, ensuite, l’exploration de l’histoire de l’émigration italienne en France. Dans la multitude des parcours d’émigration, l’historienne Marie-Claude Blanc-Chaléard nous accompagne sur les pas de la présence italienne en Île de France.
Quant à Pierre Cadars, il continue de sillonner les grandes œuvres musicales de l’Opéra italien avec, cette fois, La Turandot de Giacomo Puccini. Tutti all’Opera donc.
Enfin, Vito Tartamella nous fera découvrir l’histoire de la revue La Settimana Enigmistica qui fête cette année ses 90 ans. Une revue italienne de mots croisés, un exemple de longévité sans égal : plus de 4 600 numéros publiés. Sans oublier les grands chefs-d’œuvre de la littérature italienne présentés par Francesca Vinciguerra.
Enfin, comme dans tout menu qui se respecte, vous trouverez la cerise sur le gâteau à la fin. Même si, à vrai dire, dans la rubrique « Sapori » il n’est pas question cette fois de dessert, mais bien du pain dans la cuisine italienne. Et je suis heureux et fier de vous annoncer qu’à partir de ce numéro cette rubrique sera rédigée par Alessandra Pierini, qui a participé au livre à succès « On va déguster l’Italie » sous la direction de François-Régis Gaudry et qui intervient régulièrement dans son émission radiophonique. Elle nous ouvrira les portes de sa passion pour les plats cultes de la cuisine italienne et nous confiera la meilleure façon de les accommoder.
Bref il y a du pain sur la planche !